Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/411

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rendus au président de l’Assemblée nationale eut quelque chose de plus solennel qu’à l’ordinaire. J’eus pour successeur Mirabeau, qui me demanda mes observations. J’y recommandais au président du pouvoir législatif de ne pas se laisser manquer par le pouvoir exécutif ; c’est là sans doute ce qui aura donné lieu à une anecdote analogue, mais controuvée, qu’on lui attribue.

On sait qu’un roi vivant est toujours le meilleur des rois, sauf toutefois le tribunal de la postérité qui révise l’histoire et casse bien des arrêts ; les adulateurs furent un peu déconcertés lorsque Louis XVI partit pour Varennes, et nous laissa ce manifeste qui atteste sa perfidie. Je me hâtai de prévenir les inquiétudes que pouvait causer cette nouvelle, en adressant à mes diocésains une circulaire dont j’insère ici l’extrait suivant :

« L’Assemblée nationale, toujours inébranlable au sein des orages, vient de décréter les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité générale et le respect dû aux propriétés et aux lois. Elle arme une force publique capable d’imposer aux malveillans ; et sans doute la volonté du ciel, qui tant de fois s’est montrée si visiblement en faveur de la révolution, permet cette nouvelle tempête pour conduire plus rapidement au port le vaisseau de l’état.