Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/414

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mans de la patrie, que de jamais rentrer dans l’esclavage[1]. »

Avec Camus, Liancourt et Pétion, je fus envoyé par l’Assemblée nationale aux Tuileries pour haranguer huit ou dix mille personnes qui s’y étaient réunies. Qu’importe, leur disais-je, la fuite d’un parjure dont on peut très bien se passer ? souvenez-vous de ce que vous fûtes le 14 juillet ; allez dans vos sections dire à vos concitoyens de rester armés, fiers et tranquilles.

Comme Paris était beau dans ce jour et les suivans ! jamais on n’y vit un tel calme. Comme l’Assemblée était majestueuse, lorsqu’après avoir pris les mesures nécessaires pour que rien n’arrêtât la marche du gouvernement, elle passa à l’ordre du jour, pour traiter paisiblement une matière étrangère à cette race royale, qui sans doute croyait avoir laissé Paris en proie à la guerre civile ! Non, rien ne peut peindre la joie que fit éclater ce fameux passage à l’ordre du jour qui devait retentir dans toute l’Europe. Lorsqu’on eut la simplicité de ramener le transfuge, qu’il fallait pousser hors de la frontière, en lui fermant à jamais les portes de la France, le peuple

  1. Lettre de M. Grégoire, député à l’Assemblée nationale, évêque du département de Loir-et-Cher, à ses diocésains, sur le départ du roi.