Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/415

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avait encore le sentiment de sa dignité. Partout où passait la voiture, défense était faite de se découvrir, et des secrétaires de bureaux, accourus sans leurs chapeaux, furent obligés d’y suppléer en nouant leurs mouchoirs autour de leur tête. Je fus encore du nombre des députés qu’envoya l’Assemblée nationale à l’arrivée du transfuge. C’était, disait-on, pour empêcher que le peuple ne mît en pièces les gardes-du-corps placés sur le devant de la voiture. Louis XVI nous dit qu’il avait voulu seulement aller à Montmédi. Quel qu’ait été son projet, l’exécution était une perfidie. À cet égard, les mémoires de Bouillé, son général, et de Bertrand de Molleville, son ministre, suffiraient pour établir les preuves de la complicité du roi avec les ennemis de la France et dresser l’acte d’accusation de la cour.

Un roi est à mon avis une superfétation politique ; la fuite de Louis XVI me parut l’époque offerte par la Providence pour établir la république, et tant de gens qui l’ont répété depuis me traitaient alors de visionnaire forcené. Voilà pourquoi dans l’Assemblée j’attaquai le système de l’inviolabilité, voulant que les droits et le bonheur du peuple fussent seuls inviolables. En conséquence, je demandai que le roi fût mis en jugement ; mais le caractère versatile de la nation, et surtout des Parisiens, n’offrait déjà plus le même enthousiasme. Vinrent ensuite les ré-