Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/416

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viseurs de la constitution, qui la rendirent un peu plus mauvaise. Que Dieu pardonne à Thouret, le premier en talent de tous les avocats, parmi lesquels il y avait tant de praticiens et si peu de publicistes ! Thouret, qui a été si indignement égorgé, fut l’instrument des réviseurs. Alors Pétion, Brissot, Noailles, et quelques autres, réunis chez Clavière, nous examinions ce que pouvaient leur opposer à la tribune ceux d’entre nous qui étaient membres de l’Assemblée. Tentatives infructueuses : forts par les raisons, nous fûmes vaincus par le nombre. Il nous resta pour consolation (comme bien des fois depuis) de dire après Lucain : Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni. Lorsqu’on décréta que le roi, en acceptant la constitution, prêterait le serment, je m’écriai au milieu de l’Assemblée : Quelle confiance pourront vous inspirer les sermens d’un parjure ?

Duquesnoy, dans son Ami des Patriotes, remarque avec un peu d’humeur que quand Louis XVI vint à l’Assemblée annoncer son acceptation, ma physionomie contristée décelait les sentimens qui m’agitaient ; et il a raison.

À la fin de l’Assemblée constituante parut mon Adresse à la seconde législature, remplie de vérités énergiques, et qui, distribuée aux nouveaux représentans, circula ensuite dans toute la France. Arrivé à Blois, j’appris