Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/417

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bientôt les détails clandestins de ce que faisait la cour pour franchir les bornes imposées au pouvoir exécutif. Le Conseil général du département, dont j’étais président, adressa, sur ma demande, à l’Assemblée nationale, une réclamation vigoureuse contre ces empiétemens ; la lecture de cette pièce causa, dans l’Assemblée, un tapage épouvantable, parce que les uns en voulaient l’insertion au procès-verbal, les autres s’y opposaient. La cour, sachant que j’en avais été le provocateur et le rédacteur, vomissait sur moi son venin dans les journaux qu’elle soudoyait et qu’elle envoyait gratuitement aux administrations.

Mais enfin arriva le 10 août : Exemple au peuple, dit la légende de la médaille frappée en mémoire de cet événement. Au reçu du paquet que m’apporta le courrier, je convoquai sur-le-champ les trois administrations du département, du district et municipale. Dans l’intervalle de leur réunion, je rédigeai une réponse au président de l’Assemblée nationale, et une proclamation aux administrés, pour annoncer la suspension des fonctions royales. Je passai la nuit à faire composer et à corriger les épreuves ; le lendemain, j’en fis inonder le département ; et quoique le Blaisois soit peut-être la contrée de la France où l’on trouve le moins de caractère, tout fut électrisé, et la république, établie par le fait, y fut proclamée par anticipation.