Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/418

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Les élections arrivent ; le vœu unanime du corps électoral que je présidais à Vendôme m’envoie à la Convention nationale. Sieyes, qui s’y rendait, me joint à la poste d’Étampes, et me témoigne qu’il fonde peu d’espérance sur l’Assemblée dont nous sommes élus membres ; la suite a prouvé qu’il avait raison. Après la vérification des pouvoirs, on envoya à l’Assemblée législative, présidée par François de Neufchâteau, une députation dont j’étais l’orateur, pour annoncer que la Convention nationale s’était constituée. Dès la première séance, je déclare à divers membres que je vais demander l’abolition de la royauté et la création de la république ; ils pensent que le moment est inopportun et m’engagent à suspendre : Collot d’Herbois me prévient et se borne à énoncer cette proposition ; je m’empresse d’en développer les motifs. On recueillit surtout de mon discours ces paroles : l’Histoire des rois est le martyrologe des nations. Sur ma rédaction, la royauté fut abolie le 21 septembre 1792, et j’avoue que pendant plusieurs jours l’excès de la joie m’ôta l’appétit et le sommeil.

Devenu membre du comité diplomatique, je formai des liaisons avec Genêt, connu par ses talens diplomatiques et littéraires, aujourd’hui marié dans les États-Unis, où il a épousé la fille du général Clinton ; et avec Lebrun, ministre des affaires étrangères, assassiné judi-