Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/433

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Hérault toléra cet attentat. À sa place, emporté par le sentiment d’un juste courroux, j’aurais peut-être fait saisir Henriot, ou j’aurais été massacré plutôt que de laisser ainsi outrager la Convention : et toutefois je n’ose assurer que dans l’état où étaient les choses, il n’ait été plus prudent de dissimuler ; c’est le parti que prit Hérault.

La postérité, arrivée pour l’Assemblée constituante, lui a décerné une place honorable dans les annales des nations ; il y avait des brigands, que j’ai trop maltraités dans mon discours sur le jugement du roi, mais en petit nombre et inaperçus dans cette réunion d’hommes, chez qui l’éclat des vertus, des talens, des lumières, s’embellissait encore par cette aménité de caractère, ce ton d’éducation cultivée, alors aussi commun que présentement il est rare. Après dix-neuf ans d’orages, les membres survivans de cette assemblée se considèrent comme une famille ; leurs liens se ressèrent à mesure qu’ils voient la mort moissonner au milieu d’eux, et quelle qu’ait été la disparité de leurs opinions, les sentimens d’estime et d’affection les identifient.

L’Assemblée conventionnelle, à plusieurs égards, présentait l’inverse de la constituante ; elle existait encore lorsque moi-même j’imprimai qu’elle contenait « deux ou trois cents individus qu’il fallait bien n’appeler que scélérats, puisque la langue n’offrait pas d’épithète