Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/435

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exposé sa tête. Mais, avec le vertueux Baudin (des Ardennes), sur la tombe duquel sont épars les regrets de la vertu et de l’amitié, à mon tour je pourrais vous dire : Et vous, censeurs si courageux quand il n’y a pas de dangers, où étiez-vous et que faisiez-vous ? combien d’entre vous qui alors dans les clubs, les comités révolutionnaires, etc., hurlaient contre la religion et ses ministres ? que faisiez vous surtout, habitans de Paris, qui, à des époques différentes, fûtes complices de conspirations dont le but était d’égorger et de piller ?

Au reste, Necker l’a dit avant moi ; rien de plus brave que les Français sur le champ de bataille, rien de plus lâche dans les fonctions civiles : à peine en trouve-t-on quelques uns ayant un caractère fortement dessiné. Promenez vos regards autour de vous sur ces grands républicains qui captaient avec des mots la faveur populaire ; aujourd’hui adulateurs si vils qu’on cherche inutilement des expressions propres à les peindre.

Dans cette Convention, il y avait encore du courage ; quand un danger imminent menaçait son existence, à l’instant éclatait de toutes parts dans son sein une énergie qui bravait tous les dangers. Elle renfermait des hommes hideux, et que l’enfer semblait avoir vomis comme indignes même de ce séjour d’horreur ; mais on a prodigieusement exagéré le nombre de ceux qui s’enrichirent