Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/441

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nement, je m’étais exprimé avec cette crudité de caractère qui ne compose jamais sur les principes de liberté. C’est, j’ose le dire, la dernière fois qu’on a tenu ce langage au chef de la nation[1].

Mes sentimens religieux formaient un plus grand obstacle à mon admission. De quelle défaveur long-temps je fus entouré, de quelle amertume je fus souvent abreuvé par certaines gens, se disant philosophes, qui parlent sans cesse de tolérance ! Elle est toujours sur leurs lèvres et jamais dans leurs actions, quand il s’agit d’un homme qui a de la piété. Cette conduite est une persécution réelle, sous quelque nom qu’on la déguise, et de quelque prétexte qu’on la colore.

Les mêmes qui m’avaient fait autrefois la grâce d’accepter de bons offices de la part d’un évêque, me faisaient ensuite un crime de cette qualité ; et quoiqu’on eût détruit les corporations, ils semblaient les recréer de fait, pour condamner à l’exhérédation civile des prêtres courageux, sans lesquels..... Mais revenons à mon sujet.

Sachant que mon caractère épiscopal et ma conduite religieuse étaient mis en avant, pour me repousser du Sénat, je pouvais assurément, sans être taxé de lâcheté ni d’ambition, garder le silence ; je voulus au contraire

  1. Voir ce discours aux pièces justificatives.