Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/443

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gieux ; partout je la trouve sur les lèvres et presque nulle part dans les actions. Vous savez de quelle défaveur je fus long-temps entouré, de quelle amertume je fus abreuvé par des hommes qui osaient se parer du nom de philosophes. Je suis loin cependant de dire qu’une telle conduite est une tolérance philosophique, car je ne connais rien de moins philosophe, comme de moins religieux, que l’intolérance ; mais cette conduite est une persécution réelle, sous quelque nom qu’on la déguise, quelque soit le prétexte dont on la colore.

« Si quelques hommes prétendent subordonner ma nomination, je ne dis pas à l’abandon des principes qui me sont chers, et qu’on veut bien me laisser, mais à l’omission des actes qui en sont la conséquence, cette injustice de leur part ne m’arrachera pas une lâcheté ; ils peuvent appliquer ailleurs des suffrages que je suis loin de leur demander. Ce serait pour eux un triomphe, s’ils pouvaient me faire dévier un moment de la ligne que j’ai suivie ; je ne veux pas acquérir ce titre à leur mépris : j’épargnerai ce chagrin à mes amis, je déroberai ce plaisir à mes ennemis.

« Quand on a bravé les dangers de la déportation et de l’échafaud, on peut défier les pervers. J’ai sacrifié à ma religion, à la république, repos, santé, fortune ; mais je ne ferai pas le sacrifice de ma conscience. J’ai dit dans un écrit que l’univers n’est pas assez riche pour acheter, ni assez