Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/444

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puissant pour forcer ma volonté. Je sais souffrir, je ne sais pas m’avilir ; je conserverai jusqu’au dernier soupir ma fierté et mon indépendance.

« J’aurai soin que ma lettre vous soit remise avant la séance dans laquelle le Sénat fera son élection ; cela importe à ma conscience, à ma délicatesse, à mon honneur, à mon repos.

« Salut et attachement. »


C’est ainsi que je renforçais moi-même les obstacles à mon admission.

Néanmoins, après avoir été membre de trois assemblées politiques, après avoir siégé avec deux mille six cents législateurs qui, à la vérité, n’étaient pas tous des Solons ni des Lycurgues ; après treize ans de travaux inouïs dans les affaires publiques, à ma grande surprise, je fus élu sénateur par le concert courageux des patriotes. Clément de Ris, malade, se fit porter à la séance pour voter avec eux ; l’amitié reconnaissante n’oublie jamais un trait de ce genre.

Entré dans une carrière nouvelle, quelle fut ma douleur lorsque je vis éliminer du Corps législatif à peu près tous ceux qui s’étaient déclarés en ma faveur ! Quel était leur crime ? d’être républicains. Si jamais on écrit l’histoire du Sénat, on saura (et le public le sait déjà) que