Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucune portion de reconnaissance ni de gloire à réclamer ; si elle en produit de mauvais, personne n’a droit de m’inculper. J’ai prêté le serment, et l’on peut compter sur ma fidélité plus que sur celle des flagorneurs qui assiègent la puissance pour capter ses faveurs. La raison en est simple : n’ayant jamais marché sous la bannière de personne, j’obéis à ma conscience ; les adulateurs obéissent à leur ambition. Si (ce qu’à Dieu ne plaise, et ce qui heureusement n’arrivera pas), si les Bourbons rentraient en France, à l’instant je la quitterais pour me soustraire à leur vengeance. Dans la liste trouvée chez le stadhouder, par Alquier, et qu’il a publiée, on voit quel sort était réservé aux patriotes par les puissances coalisées. J’y suis dévoué à la roue. Voilà un échantillon de ce que j’aurais à attendre de la race déshonorée des Bourbons.

Revêtu de la toge sénatoriale, j’ai pensé comme Cicéron : Nemo aut in dicendo liberior, aut ad libertatem civium tuendam paratior esse debet senatore[1].

Cette liberté, j’en ai usé ; ce devoir, je l’ai rempli ; ma conduite en fournit une nouvelle preuve à l’occasion du décret du 1er mars 1808, qui rétablit des majorats,

  1. Voir la dixième Philippique.