Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/454

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une noblesse héréditaire et des titres héraldiques.

Le Sénat n’avait pas à délibérer sur un acte dont on lui donnait seulement communication ; mais il s’était hâté de faire rédiger une adresse de félicitation, contre laquelle je votai seul, le 12 du même mois. L’importance qu’on a mise à ce vote, le fracas qu’il a occasionné dans les dîners et les réunions particulières parmi les membres de ce premier corps de l’état, est le thermomètre de la situation actuelle. On dirait que mon improbation est un délit énorme ; elle a irrité spécialement quelques militaires qui, assouplis à l’obéissance passive, oublient sans doute qu’elle n’est pas obligatoire dans une assemblée délibérante. Le plus acharné avait reçu la veille de la munificence impériale une dotation brillante, que je ne lui envie pas ; mais elle donnait un air d’intérêt à sa diatribe contre moi, que je lui pardonne et dont je voudrais me venger en lui faisant du bien. J’éprouve la même disposition envers ces sénateurs officieux qui, prenant pour révolte tout ce qui n’a pas l’empreinte de l’esclavage, crurent faire leur cour par leur empressement à dénoncer mon vote à l’empereur. Je suis persuadé qu’il a un profond mépris pour les délateurs, et de l’estime pour l’homme courageux, qui se montre aussi intrépide dans l’énoncé de ses opinions que fidèle à ses sermens envers lui.