Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/455

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Est-ce donc un crime de penser que, pour créer une noblesse héréditaire, il faudrait statuer préalablement que le mérite sera héréditaire ? Plus on attache de considération, de faveurs à la naissance et à la richesse, moins il y en a pour la vertu. Les hommes ne sont déjà que trop enclins vers les préjugés. Sur cent qui sont en voiture, on peut raisonnablement croire que quatre-vingt quinze se préfèrent au malheureux piéton, et oublient qu’ils doivent passer du carrosse dans le corbillard.

Quant à moi, dont la roture remonte probablement jusqu’à Adam, né plébéien comme Chevert, André del Sarto, Thomas Holiday, Lambert de Mulhausen, Dorfling, etc., persuadé, comme le dit un poète, que chacun est le fils de ses œuvres, je ne veux jamais séparer mes affections ni mes intérêts de ceux du peuple. Depuis que je suis sur le théâtre politique, des épîtres multipliées m’ont été adressées par les Gregorio d’Italie, les Gregorios d’Espagne, les Gregorius d’Allemagne, les Gregory d’Angleterre et surtout les Gregoire de France, qui pour la plupart voulaient se greffer sur ma famille, quoique je n’aie aucun parent de mon nom ; ce sera bien pis quand il sera inscrit dans le nouveau nobiliaire. Allons, messieurs du conseil du sceau des titres, pâlissez sur les livres inutiles et profonds des La Roque, des Ménestrier, pour apprendre qu’en armoirie le sinople et le gueules