Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/457

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comment ils ont changés de principes ? ma réponse est simple : ou jamais ils n’eurent de principes, mais seulement des opinions d’emprunt, ou leurs principes furent toujours subordonnés à leurs intérêts ; par là s’expliquent les cent métamorphoses des protées répandus dans toutes les classes de la société, qui ont successivement arboré la livrée de tous les partis, et qui même n’en rougissent plus ; car la dégradation actuelle a éteint jusqu’à la pudeur publique.

Ils ont cependant ce qu’on nomme de la probité, dont le cercle est malheureusement si resserré aux yeux du grand nombre des humains ; ils se feraient scrupule de crocheter vos portes, de voler votre montre, quoique peut-être, en épluchant leur conduite, on y trouvât l’équivalent, c’est-à-dire les combinaisons frauduleuses du monopole et de l’agiotage. Mais la probité politique, pour qui la patrie est tout, et qui lui sacrifie tout, rien de plus rare. Cependant cette probité est bien autrement importante que le respect pour la propriété de son voisin : obligatoire pour tous, elle l’est plus étroitement encore pour l’homme public, sur lequel reposent les intérêts de la patrie. D’après les maximes austères et sacrées de la justice, Mandrin, Cartouche et Desrues sont moins coupables que tel fonctionnaire, dont le suffrage aurait sanctionné une loi, une mesure désastreuse pour la société,