Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/465

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me range dans la classe de ceux qui, n’étant pas susceptibles d’être achetés, doivent être écrasés. Ainsi périt Boèce, pour avoir voulu, contre Théodoric, soutenir la divinité de Jésus-Christ et la dignité du Sénat. Mes espérances ont été déçues ; la révolution n’est guère qu’un changement de nom pour les choses, et de fortune pour les personnes.

Se relèvera-t-elle jamais de son ignominie, cette France si avilie et si vile ? Le célèbre William Jones lui a prédit des calamités qui commencent à se vérifier[1]. Parmi les événemens recélés dans le sein de l’avenir et connus de Dieu seul, en est-il qui promettent à cette contrée du globe une résurrection politique ? Je vois de toutes parts le despotisme et le népotisme, escortés de l’ignorance, applaudir à la secte des obscurans. Dans le petit nombre d’hommes à talens qui nous restent, la plupart, plus vils que les individus qui remplissent les bagnes de nos ports et les repaires du libertinage, semblent confédérés pour étouffer même la faculté de penser….. Mais où me conduisent ces réflexions amères ? Précipitons-nous vers les siècles futurs, enfonçons-nous dans cet abîme pour y chercher un rayon d’espérance avant de mourir.

  1. Dans son ode à la liberté, qui n’est guère qu’une traduction de Collins, William Jones dit en parlant de la liberté : « Remota gallis… galli enim truces psychen ut ante hoc barbari amabilem te reppulerunt exulantem gens meritas luitura pœnas. »