Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/466

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

N’est-ce pas Racan qui a dit :

« Vouloir ce que Dieu veut
« Est la seule science.
« Qui nous mette en repos. »

C’est la traduction versifiée de ces mots : Fiat voluntas tua. J’ai envisagé les futurs contingens sous toutes les faces, la possibilité d’être traîné dans une prison, de périr par le fer, par le poison ; et déjà de vils folliculaires s’efforcent par la calomnie d’assassiner ma réputation : mais j’ai un parti pris dans toutes les hypothèses ; celui de la résignation à la volonté divine. Je ne sépare jamais l’économie de la vie présente de celle de la vie future : souvent mes regards se sont portés vers les rivages américains ; quelquefois un rêve enchanteur, remplaçant la réalité par une douce illusion, avec Churchill je m’écriais : Adieu l’Europe, adieu éternel à tous les délires dont elle est le séjour[1] : mais trop âgé et trop peu fortuné pour chercher l’existence dans un nouveau monde, affligé de n’être plus qu’habitant d’un pays et non citoyen d’une patrie, je me console par l’espérance d’arriver bientôt à celle qui finira ma captivité terrestre et qui développera la splendeur des jours éternels.

  1. Farwest to Europe and at once farwest to all the follies which in Europe dwell. V. the farwell, t. I, pag. 143 et suiv.