Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/474

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sur la couverture, comme les sots jugent les hommes sur l’habit. Les nobiliaires, les traités généalogiques, les ouvrages dans lesquels le despotisme consignait ses extravagances et ses fureurs, avaient presque toujours les honneurs du maroquin, tandis que les livres immortels d’Hubert Languet, d’Althusius, de Milton, de Villiams Allen, n’échappaient au compas de la censure, aux poursuites de l’inquisition des cours qu’en se réfugiant dans des angles ignorés, sous la modeste enveloppe d’un parchemin. Les ouvrages qui révélaient les crimes des tyrans et les droits des peuples, étaient les sans-culottes des bibliothèques.

Les diverses causes dont on vient de parler, ayant retardé l’envoi des cartes, il ne nous en est parvenu qu’environ douze cent mille, qui correspondent à peu près à trois millions de volumes ; car une carte seule indique un ouvrage, quel que soit le nombre des volumes qui le composent : nous n’avons donc pas encore le tiers des catalogues. Le décret du 8 pluviôse enjoint aux administrateurs d’achever ce travail dans l’espace de quatre mois : comme il faut toujours placer la lumière à côté du précepte, dernièrement nous fîmes parvenir à toutes les administrations une ample instruction concernant la manière d’inventorier tous les objets d’arts et de sciences ; une circulaire supplétive de celle-là va partir, et nous espérons que l’énergie du gouvernement révolutionnaire imprimera de la célérité à la confection et à l’envoi des catalogues.

Je passe au travail fait jusqu’à ce jour sur les cartes, et qui, dans le principe, avait pour objet de former, pour l’imprimer ensuite, une bibliographie générale et raisonnée de la