Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/483

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nent et les colonies ne seront point oubliées dans le travail que l’on prépare, et, sans doute, les répartitions d’objets scientifiques seront assorties à l’étendue de la population, et suivant que les communes sont ports de mers, places de guerre, manufacturières, agricoles, etc. Nous exposerons des moyens d’accroître annuellement ces dépôts et des mesures de conservation et d’administration dans un règlement applicable à toutes les bibliothèques : mais votre comité a cru qu’il était utile de présenter ces aperçus préliminaires pour prévenir les inquiétudes et détruire les insinuations des perfides. Des bibliothèques et des musées formés avec choix sont en quelque sorte les ateliers de l’esprit humain : que de gens qui étaient tourmentés par l’inquiétude indécise du génie ont connu leur vocation à la lecture d’un bon livre, à l’aspect d’un ouvrage bien exécuté ! C’est devant un tableau de Raphaël que le Corrège se connut peintre ; c’est en voyant une pendule que Vaucanson sentit la direction de son génie ; c’est en lisant les Méditations de Descartes que Malebranche connut sa vocation : que d’hommes, faute de livres, ont consumé un temps précieux pour trouver la solution de problèmes qui étaient résolus, pour inventer des machines qui étaient décrites !

Vous avez émancipé l’esprit humain ; il faut actuellement révolutionner les arts, rassembler tous leurs matériaux, tous leurs moyens, et transmettre cet héritage aux générations futures. Tous les genres de connaissances sont liés : ouvrons-en toutes les sources, afin que toutes les vérités éclipsent toutes les erreurs, afin que la raison publique s’avance à pas de géant, et que tout concoure à la gloire et à la prospérité de la république.