Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/485

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consolateur que celui où nos invincibles légions, rappelées dans leurs foyers, viennent y recueillir les effusions de la tendresse et de la reconnaissance ! La paix, qui fut toujours l’objet de vos désirs, arrive sur les ailes de la victoire qui vous fut toujours fidèle : à cette nouvelle, les deux mondes ont tressailli. Échappée aux orages qui ont assiégé son berceau, aux malheurs qui ont tourmenté son enfance, douée de l’éclat, de la vigueur de la jeunesse, tranquille au dedans, respectée au dehors par les gouvernemens amis qu’elle respecte à son tour, la république fait son entrée solennelle dans l’univers, et s’assied majestueusement au rang des premières puissances.

Treize ans de révolution ne sont donc pas perdus pour les amis de la liberté ! Ils vont recueillir l’héritage conquis par leurs efforts. Satisfaits d’avoir recouvré leurs droits, et pénétrés de leurs devoirs, également empressés à jouir des uns et à remplir les autres ; à la fierté républicaine, ils sauront allier cette aménité qui signala toujours leur caractère, ces mœurs douces et hospitalières qui semblent être leur apanage. Puissent-ils désormais, dans les étreintes de l’amitié, oubliant les erreurs et les torts de quelques frères égarés, sous l’empire tutélaire des lois, désespérer par leur union les êtres qui seraient encore dévorés du besoin de haïr et de nuire !

Les Français, rassasiés de gloire, éprouvent la soif du bonheur ; heureusement sous leurs mains sont placés tous les élémens dont il se compose. Tandis que les arts consolateurs, les arts amis de la paix s’élèveront aux conceptions les plus hardies, tandis que l’histoire classera les matériaux accumulés autour d’elle, et remplira la tâche immense que le premier