Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus tard par les événemens, mais qui laissa après elle le terrain préparé. Il ne s’agissait d’ailleurs dans le principe que de l’admission aux droits civiques d’une classe d’hommes dont l’avancement moral et intellectuel ne pouvait être mis en doute : l’abolition de l’esclavage ne se présentait encore que comme une espérance pour l’avenir. « Un jour, dit Grégoire dans sa lettre adressée aux citoyens de couleur pour leur annoncer qu’ils participeront désormais à la souveraineté du peuple, un jour le soleil n’éclairera parmi vous que des hommes libres ; les rayons de l’astre qui répand la lumière ne tomberont plus sur des fers et des esclaves. L’Assemblée nationale n’a point encore associé ces derniers à votre sort, parce que les droits des citoyens, concédés brusquement à ceux qui n’en connaissent pas les devoirs, seraient peut-être pour eux un présent funeste ; mais n’oubliez pas que, comme vous, ils naissent et demeurent libres et égaux. Il est dans la marche irrésistible des événemens, dans la progression des lumières, que tous les peuples dépossédés du domaine de la liberté récupèrent enfin cette propriété inamissible. ».