Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/61

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Une phrase de son discours est demeurée célèbre comme expression de sa haine pour la monarchie : « L’histoire des rois est le martyrologe des nations. » Sans doute si elle se trouvait dans quelque étude historique, les commentateurs n’auraient pas tort de la taxer d’injustice et d’exagération ; mais est-ce donc sur le champ de bataille, et en présence de son ennemi, que l’on peut se montrer impartial ? L’instant où l’on combat pour renverser une institution politique, serait-il bien choisi pour rendre froidement justice à son utilité passée ? Ajoutons pourtant que Grégoire, dans cette occasion, ne fit que donner une forme absolue à une opinion réfléchie, qu’il ne cessa de maintenir, en y consentant de rares exceptions.

Lorsque s’ouvrit (le 15 novembre suivant) la discussion sur la mise en jugement de Louis XVI, Grégoire se prononça pour l’affirmative, et reproduisit quelques uns des argumens qu’il avait fait valoir, après le retour de Varennes, contre l’inviolabilité royale.

Repoussant d’abord la doctrine qui regarde cette inviolabilité comme une fiction heureusement imaginée pour étayer la liberté, il s’indi-