Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/63

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rien. Quelle prédiction fut jamais mieux accomplie ! »

Mais, dans ce même discours où Grégoire s’exprimait avec tant de véhémence contre le ci-devant roi, il proclamait formellement son aversion pour la peine de mort, qu’il appelait : « Un reste de barbarie, destiné à disparaître des codes européens. » Précédemment déjà il en avait réclamé l’abolition ; et cette fois il demandait un acte de clémence individuelle, pour obtenir une loi de clémence générale.

« Il suffit à la société, disait-il, que le coupable ne puisse plus nuire. Assimilé en tout aux autres criminels, Louis Capet partagera le bienfait de la loi, si vous abrogez la peine de mort. Vous le condamnerez alors à l’existence, afin que l’horreur de ses forfaits l’assiège sans cesse et le poursuive dans le silence de la solitude..... Mais le repentir est-il fait pour des rois ? L’histoire, qui burinera ses crimes, pourra le peindre d’un seul trait : aux Tuileries, des milliers d’hommes étaient égorgés par son ordre, il entendait le canon qui vomissait sur les citoyens le carnage et la mort, et là il mangeait, il digérait ! »