Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/81

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soin de leur distribution ; mais celui-ci fit reporter le choix du comité sur Chénier, qui n’était pas moins digne que lui-même de ce témoignage de confiance.

Bien des fois, pendant la tempête révolutionnaire, Grégoire avait profité de sa position et de son influence pour mettre à l’abri du danger les hommes d’art ou de science. Il avait dressé une liste de tous ceux qui habitaient les départemens, et il faisait expédier à chacun d’eux, par le comité d’instruction publique, quelque mission littéraire, qui, en le rattachant officiellement à l’administration centrale, devenait pour lui un gage de sécurité. Ces actes d’humanité atteignaient un double but ; car les protégés de Grégoire protégèrent à leur tour, dans toute l’étendue de la France, une foule de monumens, de collections et de bibliothèques. La fureur populaire, dans son aveuglement, en avait détruit un grand nombre, et le brigandage intéressé beaucoup plus encore. Des spéculateurs volaient ou achetaient à vil prix des antiquités, des livres, des tableaux, en trompant l’ignorance des administrations locales : Grégoire fut chargé, et nul ne pouvait le mieux faire, de rendre compte des