Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/141

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J’ai retrouvé bien des fois la simplicité du vieux maître d’école chez des gens de mérite. J’ai pensé à lui un jour que le commandant de la Virginie racontait son voyage au pôle Nord. Le vieux loup, électrisé par la tempête de la journée, par la haute mer du Cap, par les effluves qui courent dans les navires, revivait ce voyage et le faisait revivre.

— Pourquoi n’avez-vous pas écrit cela ?

— Je ne suis pas littérateur, et puis les savants se sont occupés de toutes ces choses.

Bien des savants le sont-ils autant et ont-ils vu par eux-mêmes ?

Tant que les études n’auront pas une méthode encyclopédique, de manière à élargir l’horizon au lieu de le restreindre, il se joindra, à tous les obstacles de la pauvreté qui entravèrent le vieux maître d’école, les obstacles du préjugé qui fait craindre ce qui ne fait pas partie du coin exploré, comme il arrivait au commandant de la Virginie.

Est-ce que tout ne tient pas à tout ? N’est-ce pas entraver le développement humain et le développement de sens nouveaux que de ne pas procéder par des vues générales ?

C’est seulement quand le vaste ensemble est dressé que chacun fouille son petit coin en har-