Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/142

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monie avec le tableau, mais cela n’arrivera qu’avec le reste.

Une impression que j’ai retrouvée encore, c’est la tristesse qui vous prend quand il faut détruire un animal à qui on ne peut faire grâce sans qu’il arrive à d’autres quelque accident. On tient dans ses mains l’être qui veut vivre.

Avez-vous vu une vipère coupée au cou ? Les morceaux se tordent, cherchant à se joindre. On souffre une angoisse en voyant cela, mais il le fallait. La vipère aurait mordu quelqu’un.

Une fois, au-dessus de la côte des vignes, on avait entouré une pauvre louve qui hurlait, ses petits dans ses pattes. J’avoue avoir demandé sa grâce, qu’on ne m’accorda pas, bien entendu.

Mais quelle que soit la pitié qui torde le cœur, il faut que l’être nuisible disparaisse, et la grâce que je demandais enfant, pour la louve, je ne la demanderais pas pour certains hommes pires que des loups contre la race humaine.

Quant à ceux qui à eux seuls, comme les tzars, représentent l’esclavage et la mort d’une nation, je n’aurais ni plus d’hésitation ni plus d’émoi, qu’en ôtant du chemin un piège dangereux.

Tu peux frapper cet homme avec tranquillité.

Tel serait toujours, vienne l’occasion, mon