Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/171

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Il arrivait souvent qu’un effluve bardique,
Nous enveloppant tous, faisait vibrer nos cœurs.
À celui qui chantait le recueil héroïque,
Parfois on a jeté des fleurs.

De ces rouges œillets que, pour nous reconnaître,
Avait chacun de nous, renaissez, rouges fleurs.
D’autres vous reprendront aux temps qui vont paraître,
Et ceux-là seront les vainqueurs.


Le second feuillet des Œillets rouges fut écrit à Versailles, à travers l’hécatombe de 1871 et envoyé à Ferré, condamné à mort. Le voici :


Maison d’arrêt de Versailles, 4 septembre 1871.
À Th. Ferré.

Si j’allais au noir cimetière,
Frères, jetez sur votre sœur,
Comme une espérance dernière,
De rouges œillets tout en fleur.

Dans les derniers temps de l’Empire,
Lorsque le peuple s’éveillait,
Rouge œillet, ce fut ton sourire
Qui nous dit que tout renaissait.

Aujourd’hui, va fleurir dans l’ombre
Des noires et tristes prisons.
Va fleurir près du captif sombre,
Et dis-lui bien que nous l’aimons.