Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/172

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Dis-lui que par le temps rapide
Tout appartient à l’avenir ;
Que le vainqueur au front livide
Plus que le vaincu peut mourir.


Que de fleurs dans ma vie : les roses rouges du fond du clos toutes chargées d’abeilles, le lilas blanc que Marie voulut sur son cercueil, et les roses couleur de chair tachées de gouttes de sang que j’envoyais de Clermont à ma mère !

Revenons au passé par des vers encore :


LA MANIFESTATION DE LA PAIX

Dans la nuit on s’en va, marchant en longues files
Le long des boulevards, disant : La paix ! la paix !
Et l’on se sent suivi par la meute servile.
Ton jour, ô Liberté, ne viendra-t-il jamais ?

Et le pavé frappé par les lourds coups de lance
Résonne lourdement ; le bandit veut durer.
Pour retarder un peu sa chute qui s’avance,
Il lui faut des combats, dût la France y sombrer.

Maudit, de ton palais, sens-tu passer ces hommes ?
C’est ta fin ! Les vois-tu dans un rêve effrayant ?
Ils s’en vont dans Paris, pareils à des fantômes :
Entends-tu ? dans Paris dont tu boiras le sang.

Et la marche scandée avec le rythme étrange,
À travers l’assommade, ainsi qu’un grand troupeau,
Passe, et César bandit centuple sa phalange,
Et pour frapper la France il fourbit son couteau.