Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/173

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Puisqu’on veut le combat, puisque l’on veut la guerre,
Peuples, le front courbé, plus tristes que la mort,
C’est contre les tyrans qu’ensemble il faut la faire :
Bonaparte et Guillaume auront le même sort.


Comme je prétendais, pour que ma mère ne se tourmentât pas, que je ne me mêlais de rien activement, deux de nos amis vinrent un soir me prendre pour une réunion ; ils étaient restés en dehors afin qu’elle ne se doutât pas de quoi il s’agissait.

— C’est impossible, disait la pauvre femme, que tu ailles donner des leçons à cette heure-là !

— C’est Julie qui m’envoie chercher.

Mais elle se mit à la fenêtre.

— Je le savais bien, dit-elle, que c’était pour vos réunions !

Et elle riait malgré elle de nous voir partir en riant.

Ces réunions avaient lieu le plus souvent en dehors de Paris.

Que de choses on disait en revenant par les sentiers des champs ! D’autres fois on se taisait dans tout l’éblouissement de l’idée qui se levait, balayant les hontes de vingt ans.

Oh ! mes amis, je crois que nous étions tous un peu poètes ! Nous avons bien souffert, mais nous avons vu de belles choses !