Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/362

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niennes ; c’est ce qui explique leur extinction et les formes rachitiques de leurs derniers représentants.

Andia, le barde blanc aux longs cheveux, Andia le Takala, qui, près d’Ataï, chantait et fut tué en combattant, était l’un des derniers, si ce n’est le dernier ; son corps était tordu comme les troncs des niaoulis, mais son cœur était brave.

Andia, son nom était bien un nom des Arias, et, dans les traditions de sa race ou dans les ressources de son oreille plus savante, il trouva, au milieu des Canaques qui, pour orchestre, ont les branches de palmier remuées, des bambous frappés et la corne d’appel faite d’un coquillage, il trouva ou retrouva le luth, dont il fit les cordes avec les entrailles d’un chat sauvage, descendant dégénéré, aux pattes de derrière très hautes, aux pattes de devant très basses, des chats abandonnés par Cook dans les forêts, chez qui la nécessité de sauter développe les jarrets du kangourou.

Une cornemuse fut également faite par Naïna (d’après les traditions de ses ancêtres) ; mais, sauvage comme son entourage, il la fit de la peau d’un traître.

Ce barde au teint olivâtre, aux jambes torses,