Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/363

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à la tête énorme, à la taille de nain, aux yeux bleus pleins de lueurs, mourut pour la liberté de la main d’un traître.

Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits !

Suivant la loi canaque, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration.

Noudo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï.

Entre les cases neigres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux.

Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andia, qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs.

Il aperçut Segou.

— Ah ! dit-il, te voilà !

Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ;