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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/364

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ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés ; Andia s’élance, criant : tango ! tango ! (maudit ! maudit !) et tombe frappé à mort.

Alors, à coups de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi détachée et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’Ataï est mort.

Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho par les montagnes.

À la mort de Gally Passeboc, les Canaques saluèrent leur ennemi de ce même cri parce que, disent-ils, ils aiment les braves.

La tête d’Ataï fut envoyée à Paris ; j’ignore ce que devint celle du barde.

Que sur leur mémoire tombe ce chant d’Andia :

« Le Takata, dans la forêt, a cueilli l’adouéke, l’herbe bouclier, au clair de lune, l’adouéke, l’herbe de guerre, la plante des spectres.

« Les guerriers se partagent l’adouéke qui rend terrible et charme les blessures.

« Les esprits soufflent la tempête, les esprits des pères ; ils attendent les braves ; amis ou ennemis, les braves sont les bienvenus par delà la vie.

« Que ceux qui veulent vivre s’en aillent. Voilà la guerre ; le sang va couler comme l’eau sur la terre ; il faut que l’adouéke soit aussi de sang. »