Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/405

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le tyrannicide n’est praticable que quand la tyrannie n’a qu’une seule tête ou un certain groupe de têtes. Quand elle est devenue l’hydre, c’est la Révolution qui s’en charge.

Le mot praticable semblera peut-être mal employé, mais sommes-nous autre chose que des projectiles plus ou moins bien appropriés à la lutte et valons-nous la peine d’être considérés autrement, êtres irresponsables que nous sommes ! Ce langage froid nous convient, car notre poussière de sauvages ne tiendra guère de place.

La race que nous ne verrons pas et qui sera transformée et développée par les événements, méritera, peut-être, des paroles plus élevées.

Fauves encore nous-mêmes, nous cherchons à faire, cependant, la place nette pour ceux qui vont venir.

La Révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur.

Ceux-là qui y seront, marcheront dans l’épopée et, seuls sauront la dire, car ils l’auront faite et le sens rudimentaire des arts aura, à travers des effluves nouveaux, son développement pour tous.

En attendant, le dernier des bardes qui chantaient seuls, comme le vieil Homère, est mort d’hier ; nous serons, nous, le chœur des bardes