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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/427

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Que de prisons ! ai-je dit quelque part dans ce récit. Oh ! oui, que de prisons ! du bastion 37 à la Nouvelle-Calédonie en passant par Satory, les Chantiers, la Rochelle, la Calédonie, Clermont, Saint-Lazare !…

Quand paraîtra mon livre des prisons, les dix ans et toute la mer qui avaient déjà passé sur les premières pages seront suivis de bien d’autres choses. L’herbe aura poussé encore sur bien des cadavres inconnus. L’idée sera la même : l’irresponsabilité de l’être humain à travers l’abandon, la misère, l’ignorance.

On a trouvé longtemps très joli ce mot impitoyable et illogique : « Que messieurs les assassins commencent. » Est-ce que les assassins, ce ne sont pas les vieux États décrépits où la lutte pour l’existence est si terrible, que les uns tournoient sans cesse au-dessus des autres, réclamant la proie ? On n’y entend que les cris des corbeaux et leurs battements d’ailes sur les peuples couchés à terre. Vous savez les vers d’Hugo :


Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !


Tout n’est que pièges ; les malheureuses s’y prennent.