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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/428

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Est-ce que c’est leur faute à ces malheureuses, s’il n’y a de place pour les unes que sur le trottoir ou à l’amphithéâtre ; pour d’autres, si elles ont pris pour vivre ou pour faire vivre leurs petits, pour la valeur de quelques sous, quand d’autres jettent pour leurs caprices des millions et des milliers d’êtres vivants ?

Tenez, je ne puis m’empêcher de parler de ces choses avec amertume ; tout s’appesantit sur la femme.

À Saint-Lazare, cet entrepôt général d’où elles repartent pour toutes les directions, même pour la liberté, on est bien placé pour les juger.

Mais ce n’est pas en y passant quelques jours, c’est en y restant longtemps qu’on voit juste.

On sent alors combien de cœurs généreux battent sous la honte qui les étouffe.

Oui, lève-toi, malheureuse qui as si longtemps combattu et qui pleures ta honte ; ce n’est pas toi qui es coupable.

Est-ce que c’est toi qui as donné aux gros bourgeois scrofuleux et ballonnés leur faim de chair fraîche ? Est-ce que c’est toi qui as donné aux belles filles qui ne possèdent rien l’idée de se faire marchandise ?

Et les autres, les voleuses, voyons, quand on jette des femmes dans la rue, il est sûr qu’elles