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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/47

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Cet événement (non relaté dans les chroniques écrites) ne faisait pas, pour Marie Verdet, l’ombre d’un doute.

Son grand-père tenait du sien, qui le tenait d’une arrière-aïeule, que cette fois l’âme d’Hérode avait si bellement gesticulé que les assistants s’en esbattaient plein le val des escholiers ; tout à coup l’ombre se prit à gémir, on cria : Au miracle ! d’autant plus facilement qu’il y avait des os calcinés dans la cendre du bûcher.

Mais, si on trouva des os dans la cendre, on ne trouvait plus le beau chanteur de lays Nicias Guy ; c’est lui qui, par vengeance d’amour, avait été si méchamment occis.

Lors même qu’il n’y aurait pas eu un peu d’atavisme dans ma facilité à rimer, qui ne serait pas devenu poète, dans ce pays de Champagne et Lorraine, où les vents soufflent en bardits de révolte et d’amour ! Par les grandes neiges d’hiver, dans les chemins creux pleins d’aubépines au printemps et dans les bois profonds et noirs aux chênes énormes, aux trembles, aux troncs pareils à des colonnes, on suit encore les chemins pavés des Romains dominateurs, dépavés en larges places par les invaincus de la Gaule chevelue.

Oui, tout le monde est un peu poète. Na-