Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/58

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Et le couteau à la lame affilée ? — Pour le consultant s’il mentait à la foi jurée.

Mais la foi jurée à qui ?

À l’inconnu, au feullot.

Et la forêt du Der (des Chênes), n’en dirons-nous rien ? (Jamais le pied de l’envahisseur ne l’avait foulée, on n’y trouve nul vestige romain.)

La forêt du Der ou Derff tout entière était sacrée, — l’ombre épaisse des chênes y règne encore. Autrefois, avant les temps historiques, s’y réfugia, dans un antre, un proscrit, traqué comme un fauve, et qui vivait en fauve (de chair humaine).

Les gardiens de pourceaux des Mérovingiens y bâtirent des fermes lacustres ; il en reste des débris dans la Mare-aux-Loups.

L’étang de Blanchetane — reste d’une mer crétacée qui, sur ses rives arides, jusqu’à la ferme du Pont-aux-Bœufs, n’a pas même une bruyère, mais du sable, soulevé par le vent en petites vagues.

Comme il fait bon, dans nos bois, entendre dans le silence profond le marteau lourd des forges ; les coups secs de la cognée qui font frissonner les branches ; les chansons des oiseaux et le bruissement des insectes sous les feuilles !