Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/83

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figure singulière qui m’a longtemps prévenue contre elle ; mais, l’ayant vue un peu plus souvent cet été, et madame de Maurepaire m’en ayant dit du bien, j’ai prié celle-ci de me l’amener, parce que mon état ne me permet pas encore de sortir.

Je vous quitte à regret ; mais je vais commencer mon journal : je le daterai des premiers jours de la semaine. Je vous y parlerai toujours, que vous le voyez tout entier ou non ; sans cela, comment ferois-je ? Il me semble que je ne saurois parler ainsi à mon bonnet.


MON JOURNAL.
Le 20 octobre.

Je me suis levée de bonne heure dans l’espérance de voir mon mari plustôt et d’avoir plus de temps à causer avec lui ; mais j’ai été trompée dans mon attente, car il lui est venu successivement tant de monde, qu’à midi je ne l’avois pas encore vu. À midi et demi il est entré dans mon appartement avec un air d’impatience et d’empressement qui m’a enchantée ; il m’a embrassée et m’a témoigné beaucoup de chagrin d’avoir ainsi perdu une ma-

    dame d’Épinay ont fait connaître M. Dupin de Francueil et toute la famille Dupin, qui, avec plus d’éclat que la famille La Live, représente le monde élégant et distingué des financiers du dix-huitième siècle. Personne n’ignore à présent que George Sand est la petite-fille de Francueil, et nous aurons à emprunter à l’Histoire de ma Vie quelques-uns des traits avec lesquels y est peinte la figure aimable de son grand-père. En 1746, M. Claude-Louis Dupin de Francueil, né à Châteauroux, avait trente ans, et, depuis 1738, était receveur général des finances pour Metz et l’Alsace (pays d’États] et secrétaire du cabinet du roi. Il demeurait rue Platrière, comme son père, M. Dupin, qui l’avait eu d’un piemier lit, avant d’avoir épousé la belle madame Dupin, fille naturelle de Samuel Bernard et sœur de madame Darti.