Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(107)


rai, lui dis-je, dans ma famille, et je vous assure que vos bienfaits ne sortiront jamais de ma mémoire.

Comme mon amant s’attendait que nous serions forcés de nous séparer, il avait pris sur lui tout l’argent qu’il possédait, et me l’offrit avec beaucoup de générosité. Je fis des difficultés pour l’accepter, et je n’en voulus prendre que quatre louis, qui me parurent une somme suffisante pour faire ma route. Je retins ce jour là même ma place au coche, et je partis le surlendemain.

Les personnes qui étaient dans la voiture publique étaient d’états bien différens. Il y avait des moines, des abbés et des officiers, et j’étais seule de femme. Sur la route, on agita différentes questions. Tous les sujets étaient traités superficiellement, comme c’est la coutume ; les officiers parlaient de leur état ; les abbés de leurs bonnes fortunes ; les moi-