Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/156

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saints. Qu’il avait inutilement cherché à calmer les esprits, qu’on ne l’avait point écouté.

Tous ces discours me firent tant de peur que je ne balançai point à prendre mon parti. Je sortis seule de ma maison, car le moine me représenta qu’il courrait trop de risques à m’accompagner, et je gagnai le premier village : j’y louai un cheval, sur lequel je me rendis à la ville la plus proche. Delà je députai un homme, avec ordre de vendre mes meubles, de m’apporter mes hardes et mon linge, et surtout de ne point dire où je m’étais retirée. Ma commission fut faite très-promptement et très-fidèlement. Mon chargé de pouvoir m’apprit à son retour, qu’on avait conçu pour moi une telle horreur dans le village, qu’il avait eu beaucoup de peine à vendre mes meubles, sous prétexte qu’on ne voulait rien avoir qui m’eût appartenu ; que l’organiste avait