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mon caractère. Je ne serais pas cependant fâchée d’avoir fait le sacrifice de ce temps, bien précieux pour moi à la vérité, qui était déjà parvenue à un certain âge, si je n’eusse eu le malheur de perdre cet homme, qu’une mort subite m’enleva la veille du jour qu’il avait destiné pour me faire une rente viagère de mille écus. Ses parens, qui ne soupiraient qu’après sa succession, me donnèrent à peine le temps d’emporter mes effets, et me renvoyèrent avec le peu que j’avais.

J’appris heureusement dans ce temps-là qu’un baladin de dessus le rempart avait besoin d’une actrice pour représenter dans les pantomimes. Quoique je ne connusse point le théâtre, je payai d’effronterie ; j’eus la hardiesse de me présenter, et j’eus le bonheur d’être reçue. Huit jours après je débutai à l’entière satisfaction du directeur de cette troupe, qui ne s’y connaissait pas, et avec l’ap-

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