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Page:Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse - 1901 - tome 1.djvu/82

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mémoires.


le voyage[1].

« …… Mon départ de Toulouse une fois fixé, mon père, m’accompagne ; il m’enveloppe de toute sa tendresse. Toutes les commodités me sont réservées. Placé dans une bonne voiture, mon père voyage à cheval ; pour ne me laisser manquer de rien, il se privait de tout.

« …… Le voyage qu’on fait aujourd’hui de Lourdes à Toulouse en un jour se prolongeait durant quatre ou cinq jours dans les chemins impraticables. Les grandes auberges où l’on est rançonné et insulté étaient encore rares : les aubergistes ont succédé aux voleurs de grand chemin. Aucune police ne peut réprimer leur rapacité. Nous descendons chez un fenacier, à la Corne, place d’Assézat.


toulouse.

« Dans ce premier moment que causent des objets aussi nouveaux pour celui qui jusqu’alors n’a vu que des montagnes, toutes les idées sont changées. Cette grande ville que le soleil regarde avec tant d’amour ; ses habitants enjoués, toujours chantant ; des femmes passionnées au sein d’un climat voluptueux, favorable aux talents, à la culture des arts, au bonheur, d’une médiocrité généralement répandue ; le Capitole avec son ancienne inscription : Tectosagum palladium, les rues, les habitants, les Académies, tout me frappe et m’attache. Il en fallait moins pour fixer toute mon attention. Le souvenir de mes ancêtres se confond avec l’intérêt de ma nouvelle existence. En entrant dans ma seizième année, mon imagination jouit de tout ce que je vois. Né au midi de la France, je possède le sentiment de ses habitants ; l’obscurité modeste doit avoir le plaisir de les retracer. Sans renouveler des prétentions exclusives, est-il de peuple plus

  1. Pages 43 et suivantes du manuscrit.