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Page:Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse - 1901 - tome 1.djvu/83

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toulouse en 1764

spirituel, plus sensible, plus laborieux, plus enjoué et qui échappe aux vices par la gaieté ?…

« Placé dans la foule d’étudiants attirés par la célébrité des écoles, celles de droit et de théologie en réunissent le plus grand nombre ; des nuées d’abbés dont la vanité et l’argent faisaient toute la vocation, vivent aux dépens de la partie laborieuse de leur famille, encombrant les cafés de la place royale. La piété ne les appelait pas auprès des sanctuaires nombreux qu’on retrouve à Toulouse. Fringants apôtres après cinq années d’apprentissage de fanatisme, d’une vie licencieuse et d’une pitoyable scolastique, répandus dans la campagne, ils propageaient l’ignorance, la superstition et le libertinage avec un merveilleux succès. Heureusement que leurs sales orgies à la rue Gourmande avec les filles perdues ne me convenant pas, j’allais chercher aux bibliothèques publiques des lectures agréables qu’il fallut quitter pour l’aride Winslow. Ce n’est pas que les livres de médecine ne soient pas intéressants, lorsqu’ils réunissent la philosophie à l’érudition, la logique à l’expérience éclairée, appuyée de faits certains avec plus de sagesse que d’éclat chimérique et trompeur.

« …… L’École de médecine avait pour professeur Latour, partisan outré de la diette : ses malades mouraient d’inanition, sans lui faire changer son traitement aussi déplorable, aussi cruel : je livre à Némésis l’impitoyable docteur ; de Lachesis, tambour-major ; le beau Daubons, Diafoirus, promenant sa gravité dans les rues en chaise à porteur ; le seul, Dubernard, plein de zèle pour l’avancement des élèves, était leur seule ressource. Quant à la physiologie, science devenue de nos jours si vaste, si féconde, si brillante, elle était abandonnée au chirurgien de l’hôpital Bosc, anatomiste, renfermé dans la considération d’une seule espèce et ne se doutant pas de l’étude des tissus divisés, des conditions normales de Bichat, des travaux de Gall, de Mangin, de Vic d’Azi. Buffon n’avait pas complété son système ; son continuateur Cuvier, l’ingénieux Bory Saint-Vincent n’existaient pas.