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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/102

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le sage en habit de ville, qui, en vertu du privilége des ans, trace pour Mme de Fontanes une suite de préceptes délicats et charmants.

Vous avez tous compris qu’il serait impossible d’apprécier dignement un tel esprit, en séparant sa vie de ses œuvres, et qu’une harmonieuse unité régnait désormais dans ses écrits et dans sa conduite. Il avait adopté cette maxime qui le dirigeait dans toutes les circonstances de la vie : « C’est que tout ce qui devient devoir nous doit devenir cher ! » Et qu’il me soit permis de dire encore une particularité qui décèle bien le fond de son cœur et ses vertueux scrupules. Comme il pesait tout à ce poids du devoir, il se demandait si de belles pensées peuvent être mises au rang de belles actions, si ceux qui les ont cherchées, qui s’y plaisent et s’y attachent, auront une récompense. Oui, répondait-il, je me représente fort bien Bossuet, Fénelon, Platon, portant leurs ouvrages devant Dieu, même Pascal et La Bruyère, même Vauvenargues et Lafontaine, car leurs œuvres peignent leur âme et peuvent leur être comptées dans le ciel. Les siennes aussi peuvent lui être comptées par Dieu et par les hommes, et j’achèverai de les louer en lui empruntant encore un mot : il est des livres où l’on respire un air exquis.

Cette excellence de ses écrits ne tient-elle pas au rare équilibre qu’il savait maintenir entre ses facultés, par un effort constant sur lui-même ? Il a dit quelque part : « Je remplis de mon mieux, dans toutes les cir-