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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/103

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constances, l’obligation d’être heureux. Je le suis toujours autant que je le puis, et quand je le suis peu, je dis à Dieu : vous le voyez, Seigneur, je ne puis l’être davantage. Pardonnez à mon infirmité et au cours des événements ! » Cette sensibilité que la règle morale n’étouffe pas, mais qu’elle contient, n’en est que plus douce et plus pénétrante. Il mettait au nombre des maladies du siècle cette mélancolie énervante, et cette fiévreuse exaltation, qui ne semblent augmenter un instant les puissances de l’âme que pour l’élever dans le vide et la laisser retomber dans le néant ; il n’y voyait qu’une preuve de l’abaissement des croyances qui sont les sources de la vie morale. Et si, devant, la mort et le deuil, il a dit que la nature est pleine de douleurs, il s’empresse d’ajouter, « et pleine de consolations, » pensée qui n’est pas seulement dans son esprit, mais dans le fond de sa conscience, et qui prend sa source dans la noble et pure idée qu’il s’est faite du devoir. Et d’où vient à la terre et au ciel cette vertu de consolation et d’apaisement ? Il nous le dit ailleurs ; de leur beauté même qui n’est qu’une ombre projetée de la beauté divine. Il rencontre ainsi la véritable harmonie entre le cœur de l’homme et la nature, et chasse ces rêveries malsaines dont René donna chez nous un exemple trop suivi, René,

 « Noble et brillant auteur d’une triste famille ! »

Ces chimères qui dispersent la pensée dans les vents,