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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/106

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n’était plus. À la joie intérieure, au ravissement que causent le beau et le bien, il reconnaissait leur signe divin, leur parenté céleste, la source commune dont ils descendent comme deux fleuves qui vont se rejoindre dans l’éternité ; et il mourut en les unissant dans les derniers mots tracés par sa main.

C’est avec lui que nous apprendrons à flétrir dignement cette odieuse dégradation de la littérature, qui abaisserait l’art d’écrire jusqu’à en faire une sorte de flatterie sensuelle à l’adresse des instincts les plus grossiers, et qui plongerait l’esprit français, s’il lui était donné de l’envahir, dans une mortelle indifférence sur ses gloires les plus pures. Certes, nous sommes tenus d’être justes envers notre temps ; c’est-à-dire, que nous devons le comprendre, l’aimer, le servir dans la mesure de nos facultés ; telle est la justice que nous devons aux vivants, à ceux qui sont appelés à porter avec nous le poids du jour ! Admirons donc ces progrès des sciences, à peine croyables et qui redoublent chaque jour notre étonnement, et ces découvertes que l’industrie multiplie à leur suite, et cette rapide métamorphose du monde matériel qui s’approprie incessamment à nos besoins ; mais admirons ces merveilles comme moyens, et non pas comme but ; aimons-les comme des instruments immenses et d’une portée incalculable mis par Dieu à la disposition des temps nouveaux pour plus de lumières, de justice et d’ordre dans les sociétés humaines. Sachons ainsi que nos devoirs se sont accrus avec nos