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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/107

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moyens ; et repoussons tout ce qui fait fermenter une corruption d’où renaissent les dangers sociaux, sous les rayons même de la plus brillante civilisation matérielle ! Je ne sais au fond de quel roman de son temps Joubert, un jour, s’écria qu’il entrevoyait la houppelande de Marat. Je ne veux pas chercher ce qu’il dirait aujourd’hui. Rappelons-nous seulement ce respect que les écrivains du siècle de Louis XIV portaient à la grande société de leur temps ; et persuadons-nous que la conscience de la nôtre ne doit pas mériter moins d’estime et commander moins d’égards, et que, si les temps ont changé, l’esprit de la France a marché, mais non pas descendu.

Dans cette ville où le goût des lettres grandit chaque jour, et qui s’applique à mériter cet éloge que Tacite donnait à une cité des Gaules, Grecque d’origine, où le grave historien signalait l’alliance heureuse de l’urbanité littéraire et des vieilles mœurs de la province, j’ai cru qu’une étude sur Joubert pourrait être écoutée avec intérêt ; j’ai cru qu’on aimerait cette indépendance, cette élévation, cette originalité, que la critique littéraire doit chez lui à l’amour de la règle et de l’ordre, et enfin l’excellence de cette morale qu’il résumait si bien, dans ses entretiens avec M. Molé, en disant : « Il faut, dans nos actions et nos jugements, beaucoup de force et de droiture, et dans nos sentiments, beaucoup d’indulgence et de bonté, afin que l’ouvrage de la vie soit beau. » Le vaillant homme dont nos murs se glorifieront à ja-