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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/66

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lviii

Vous savez, Messieurs, les secours que la lumière prête à la peinture, à la sculpture même : je veux vous la montrer trônant dans le laboratoire du chimiste, chassant cornues et fourneaux, fioles et réactifs, et docile à nos exigences, nous décélant sans ambiguité, sans fatigues pour nous, la présence des substances les plus rares, tout en charmant nos yeux par le spectacle des plus brillantes couleurs. Elle nous montrera au doigt les erreurs commises avant qu’on ne l’ait interrogée, nous aidera à les réparer, enrichira nos collections de substances inconnues et nous entraînant sur ses ailes de feu jusqu’à sa source même, nous divulguera la nature de l’astre splendide qui est l’âme de notre monde. Certes, l’imagination la plus féconde ne pourrait inventer tout cela, et nous pouvons dire ici avec Arago : il y a mille fois plus de poésie dans la réalité que dans la fable.

Mais auparavant, permettez-moi de rendre un public hommage aux deux savants, qui ont fait faire ce pas immense à l’esprit scientifique. Si MM. Bunsen et Kirschoff ne nous appartiennent pas comme français, ils sont à nous comme savants : la science n’a pas de patrie, car elle appartient à l’humanité tout entière. Soyons donc fiers et honorons les auteurs, qui méritent d’autant plus notre respect, qu’ils unissent au plus beau génie, l’âme la mieux douée, le cœur le plus noble et la bienveillance la plus grande pour les jeunes esprits