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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/68

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passant par le jaune, le bleu et toutes les teintes intermédiaires, avec une perfection que le pinceau le plus habile ne saurait imiter. C’est cette image que Newton appelle le spectre, et c’est de cette décomposition de la lumière blanche qu’il part pour donner une explication scientifique de la coloration des corps. Mais les travaux de l’illustre anglais n’étaient que les préludes de plus grandes découvertes.

À la fin du siècle dernier, en 1799, un pauvre orphelin entrait comme apprenti chez un fabricant de glaces : quelques vieux livres de sciences qu’il cherchait à déchiffrer la nuit furent ses premiers maîtres. Sauvé seul par miracle de l’écroulement de la maison qu’il habitait, il employa les 18 ducats que lui octroya la générosité de Maximilien Joseph, encore simple électeur de Bavière, à se racheter de 6 mois d’apprentissage et à se procurer une machine à polir les lentilles. Il croyait avoir acheté sa liberté et des loisirs pour satisfaire sa passion pour l’étude ; mais ses lectures et ses essais ne lui rapportaient pas de quoi vivre et la guerre acheva de le réduire à la dernière détresse. Il fallut bien se décider à rentrer chez des maîtres. Il eut le bonheur d’en trouver qui surent apprécier son génie. Reçu comme simple ouvrier dans une fabrique d’instruments de mathématique à Benedictbeurn, en Bavière, son nom se répandit bientôt en Europe, et Frauenhofer ne tarda pas à tenir le premier rang parmi