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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/72

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mie et en physique ; chez l’un une habileté étonnante dans l’art des expériences, un esprit d’invention surprenant pour disposer les moyens d’investigation les plus délicats, et chez l’autre la rigueur mathématique, le maniement facile de toutes les ressources des calculs les plus abstraits, ce puissant auxiliaire dans la recherche des grandes lois naturelles.

Depuis longtemps on savait que certaines substances introduites dans la flamme en modifient la nuance : la soude la colore en jaune, la potasse en violet, le cuivre en vert, etc., et l’art de la pyrotechnie tire un heureux parti de ces propriétés. Mais ce que cherchent Bunsen et Kirschoff, c’est la relation entre la nature chimique de la substance colorante et son action sur la lumière. Ayant donc pris une flamme de température élevée, mais donnant peu de lumière et l’ayant examinée à travers un prisme, ils aperçurent un spectre faible, continu, dont les nuances sont à peine visibles. Introduisant alors dans cette flamme une petite quantité de sel ordinaire, de sel de cuisine, ils virent aussitôt dans ce spectre pâle et terne, une magnifique raie jaune resplendissant du plus vif éclat. Ce fait seul n’était pas nouveau. John Herschel l’avait déjà constaté, mais sans s’y arrêter autrement que pour le consigner avec quelques autres phénomènes analogues. Bunsen et Kirschoff vont plus loin ; ce sel est formé de deux substances que la chimie regarde comme simples : un métal, le sodium et